Mestre Juvenal (1919-1998)

Mestre Juvenal (31.01.1919 - 20.03.1998) était un bahianais, fils cadet de Maria Raimunda da Cruz, qui était indienne.

Il a appris la capoeira à un jeune âge et était garçon cireur près de l'ascenseur Lacerda.

Il a été reconnu Mestre de Capoeira dans les années 40 par Mestre Samuel Querido de Deus selon une interview avec ce dernier dans la Revista Cruzeiro, édition 0012 de 1948.

Il jouait à la Capoeira sur la rampe de l'ancien Mercado Modelo et aux Festas de Largo.

Il travaillait à la douane et sur les quais du port.

Parmi ses élèves, les suivants se distinguent entre autres : Reginaldo, Antonio, Evangelista et Romenil Assis da Cruz.

Ce dernier était son fils qu'il avait eu avec sa première femme : Nair Pereira de Assis.

Plus tard, le maître épousa Mme Olga Maria Santos da Cruz et ils furent vivre dans le quartier de Preguiça où ils eurent une fille : Olga Silva da Cruz.

Une des phrases de Mestre Juvenal : "A capoeira é minha cachaça" (La capoeira est ma cachaça).

Texte source: CM Rouxinol 2020

Ecoutez Mestre Juvenal sur notre canal youtube: https://www.youtube.com/watch?v=YlmQxMhAGqY

Texte de Boa Alma :

Juvenal Hermenegildo da Cruz, connu dans le monde de la capoeira sous le nom de "Juvenal engraxate", était l'un des noms les plus prononcés de la capoeira bahianaise dans les années 30 et 40 du 20ème siècle, un défenseur naturel de la Capoeira Angola, il faisait ses rondes de capoeira sur la rampe des quais et il fréquentait naturellement un "Barracão" où se tenaient des rondes de capoeira à Chame Chame, aux côtés du cordonnier Osvaldo (élève de Valdemar) et de Samuel Querido de Deus, dont beaucoup prétendaient être son professeur, bien que certains des sources l'attribuent à sa lignée au maître Waldemar da Paixão.

Très cité par Mestre Noronha dans ses manuscrits, le même peut être le célèbre Juvenal Nascimento qui a fait l'actualité dans les principaux journaux bahianais après être monté sur le ring en 1936, on soupçonne aussi que c'est le même cordonnier Juvenal qui fréquente la capoeira en la période correspondante. Les dockers, comme la plupart des anciens capoeiristes, profitaient des heures de repos, après les repas, au bord de la jetée pour pratiquer, et enseigner le noble art de la capoeira à ceux qui voulaient l'apprendre. Mestre Juvenal a enregistré un album de capoeira dans les années 40, chanté en yoruba, caboclo et portugais.

Dans l'extrait suivant, Mestre Juvenal est également mentionné par Jorge Amado lors d'une chronique consacrée à Samuel Querido de Deus dans le roman "Bahia de Todos os santos" en 1944:

"Les mèches de cheveux blancs de la carapinha de Samuel Querido de Deus ont déjà commencé. Sa couleur est indéfinie. Un mulâtre, bien sûr. Mais un mulâtre clair ou un mulâtre foncé, tanné de sang indigène ou avec des traces d'italien dans le visage anguleux Qui sait? les vents marins de la pêche ont donné au visage de Querido de Deus une couleur qui ne ressemble à aucune couleur connue, nouvelle pour tous les peintres. Il part dans son bateau vers les mers du sud de l'état où le poisson abonde . Quel âge avait-t-il ? Impossible de le savoir sur ce quai de Bahia, car la pirogue de Samuel navigue depuis de nombreuses années pour revenir, quelques jours plus tard, avec du poisson à l'étal du marché Modelo. Mais les vieux piroguiers pourront rapporter que plus de soixante hivers se sont écoulés depuis la naissance de Samuel. Parce que sa tête n'a plus de poils blancs dans la carapinha qui semble éternellement mouillée d'eau de mer ? Plus de soixante ans avec certitude. Mais même ainsi, il n'y a pas de meilleur joueur de capoeira, pour les festivités de Nossa Senhora da Conceição da Praia, la première semaine de décembre, que Querido de Deus. Que vienne Juvénal, vingt ans, que vienne le plus agile, le plus technique, que vienne n'importe qui, et Samuel, le Querido de Deus, montrera qu'il est toujours le roi de la capoeira à Bahia de Todos os Santos. Les autres sont ses disciples et ils le regardent encore avec étonnement quand il se jette sur la "rabo de arraia", car il n'a jamais été vue autant d'élégance..."

Crédits: Amado Jorge - Bahia de Todos os Santos - 1944

Dans cette chronique de Jorge Amado, le peu qu'il parle de Mestre Juvenal suffit à fonder son âge possible, car l'auteur le cite comme un garçon de 20 ans, compte tenu du fait que la chronique a été écrite en 1944, on peut alors émettre l'hypothèse qu'elle serait née en 1920 ; cependant, faute de preuves concrètes, nous ne resterons que sur des hypothèses.

En 1948, le journaliste Cláudio Tavares, du magazine "O Cruzeiro", a fait une longue interview avec le maître et ses élèves, où le titre de l'article de presse était "Zum, Zum, Zum Capoeira mata um". A l'occasion en question, le maître a prononcé la phrase suivante « ma cachaça c'est la capoeira », faisant allusion à d'autres manutentionnaires profitaient de leurs déjeuners respectifs pour des ivresses où la confusion était inévitable. Selon Tavares, ce n'était pas un voyou, ni un professionnel exclusif de la capoeira, qui pouvait être embauché pour n'importe quel "petit service" à la demande des grands, comme les autres capoeiristes de l'époque, Juvenal était un ouvrier, un débardeur qui passait les heures du jour et même de la nuit dans le "dur/lourd".

Le magazine "O Cruzeiro" a été fondé en 1928 et au cours des premières décennies du 20ème siècle, il est considéré comme le plus grand véhicule d'information journalistique de la période en question. En 1946, l'équipe de journalistes du magazine se renforce avec l'embauche du photographe français Pierre Verger. Celui-ci, soit dit en passant, est le pionnier parmi les photographes qui ont représenté la culture afro-brésilienne, ses photographies sont des documents très précieux pour les professionnels actuels du domaine de la recherche, lorsqu'il s'agit des années 30 à 60 du 20ème siècle. C'est dailleurs lui-même, le photographe de l'interview en question.

Texte: Antônio Luiz dos Santos Campos (Boa Alma)

Pour en savoir plus sur Mestre Juvenal: https://velhosmestres.com/br/destaques-33